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Pour l’ESTACA, l’industrie des transports manque de femmes ingénieures

1 février 2013

Entre 2000 et 2011, la proportion d’étudiantes dans les écoles d’ingénieurs a augmenté de près de 20 % , mais selon leurs spécialités, toutes les écoles n’attirent pas autant les jeunes filles. À l’occasion de la Journée de la Femme, l’ESTACA, école d’ingénieurs spécialisée dans les transports et la mobilité, revient sur son engagement quotidien pour donner envie aux jeunes filles de découvrir le monde de l’aérospatial, du ferroviaire et de l’automobile. Encore trop peu nombreuses, les femmes apportent pourtant un équilibre et une sensibilité indispensables à ce secteur en proie à de profondes évolutions.

Le secteur des transports, un univers masculin ?

Les garçons sont attirés par les sciences, la puissance des moteurs et la mécanique, tandis que les filles préféreraient la littérature et les langues : tels sont les clichés encore en vigueur à l’heure actuelle. Touché par ces stéréotypes à la fois symboliques et culturels, le monde des transports est souvent associé à une image très masculine. Les jeunes filles hésitent donc à s’orienter vers cet univers, d’autant plus qu’elles manquent parfois de modèles féminins (professeurs, ingénieures en activité, …).

Les entreprises et écoles qui souhaitent promouvoir la parité hommes/femmes dans leur recrutement se trouvent confrontés à une impasse, trop peu de femmes souhaitant les rejoindre. Avec 11% de jeunes filles, l’ESTACA s’attache à vaincre les idées reçues et mieux informer sur la réalité du métier d’ingénieur en pleine évolution dans le secteur des transports, pour susciter de nouvelles vocations pour les métiers de l’ingénierie chez les jeunes filles.

Le saviez-vous ?*

  • Sur près de 750 000 ingénieurs en France, 17 % sont des femmes.
  • 45 % des candidats au bac scientifique sont des filles, contre 78 % pour le bac littéraire.
  • Alors que plus d’un étudiant sur deux est une fille, elles ne représentent que 26 % des élèves-ingénieurs.
« La mixité, en entreprise et en école d’ingénieurs, est synonyme d’un meilleur équilibre et d’une plus grande efficacité au sein des équipes, sans compter le rôle que ces dernières ont à jouer dans la construction des solutions aux enjeux actuels de la mobilité. Davantage de femmes contribuerait en effet à l’émergence de solutions innovantes pour répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux. »
Pascale Ribon
Directrice de l’ESTACA

Que ce soit dans les secteurs ferroviaire & transports guidés, aéronautique ou automobile, les ingénieurs système sont par exemple très recherchés aujourd’hui. Leur mission est de travailler main dans la main avec le client afin de retranscrire de manière technique et opérationnelle leurs besoins. L’ingénieur système dispose ainsi d’une vision globale (marketing, technique, R&D…) du cadre dans lequel s’inscrit son projet. Cette alliance de technique, de communication avec les clients et de coordination de projets pourrait être particulièrement attractif pour les jeunes filles.

« La mixité est essentielle au fonctionnement d’une entreprise. Je pense néanmoins que les ingénieures ne doivent pas bénéficier d’un recrutement différencié : seules les compétences comptent. La personnalité du candidat a également toute son importance. Ces 2 points sont essentiels et ne devraient pas être soumis à la distinction homme/femme. Mon intégration au sein de l’entreprise s’est très bien passée. Les jeunes filles qui le souhaitent ne doivent pas hésiter, être ingénieure est un métier passionnant, enrichissant et en constante évolution ! »
Clara
Diplômée 2012 - Ingénieure Produit FMS (Flight Management System) chez Thalès

Des jeunes filles intéressées mais qui hésitent à sauter le pas

Les préjugés ont la vie dure, mais il faut reconnaître que les chiffres leur donnent raison. Quand ils se jugent très bons en mathématiques, 8 garçons sur 10 optent pour la filière scientifique. À niveau scolaire équivalent, les filles ne sont que 6 sur 10 à choisir cette voie**.

D’après une étude menée par Bénédicte Gendron, Professeur à l’Université Montpellier III, intitulée « Filles, garçons : quel capital émotionnel pour quelles conséquences – 2010», « chez les filles, le capital émotionnel développé (empathie, souci du service, de l’écoute …) participe à leur orientation vers des filières dites « sociales » ou « filières d’humanités » ; à l’inverse, leur faible dotation en capital émotionnel personnel » pourrait venir expliquer la faiblesse numérique des filles dans les filières compétitives que sont les filières scientifiques. En effet, (…), elles tendent à s’autocensurer en ne se présentant pas dans les filières prestigieuses scientifiques ou en ne s’engageant pas dans des filières ambitieuses ou de compétition….»

« Pour moi, les modes de réflexion entre les hommes et les femmes sont différents mais complémentaires. Contrairement aux idées reçues, il peut être plus simple pour une fille de s’intégrer dans un milieu si masculin, on vous identifie plus facilement. Les passionnées ne doivent surtout pas hésiter en se disant qu’elles n’y ont pas droit : il serait dommage de passer à côté de si beaux métiers !  »
Marine
Étudiante en 3e année à l’ESTACA, filière aéronautique

L’évolution des compétences attendues chez les ingénieurs du secteur des transports pourrait à ce titre, mieux correspondre au « capital émotionnel » des jeunes filles. En effet, l’ingénieur aborde aujourd’hui, et encore plus demain, les questions de mobilité dans leur ensemble. Le développement des nouvelles mobilités implique par exemple une alliance de compétences technologiques, sociologiques, économiques,… Les jeunes filles devraient plus facilement se projeter dans des métiers, plus seulement axés sur les solutions mécaniques ou électroniques mais qui prennent aussi en compte l’aménagement urbain, les modes de consommation,… L’ESTACA prépare actuellement la création d’une nouvelle Chaire Mobilité, qui devrait voir le jour lors de la relocalisation de l’École dans des nouveaux locaux à Saint Quentin en Yvelines en 2015. L’Ecole espère que de telles spécialisations attireront davantage les filles.

À plus court terme, l’ESTACA a mis en place une série de mesures visant à augmenter le nombre de jeunes filles s’orientant vers des carrières d’ingénieurs dans les transports. Elle intervient, en partenariat avec des associations comme Elles bougent ou Femmes et Sciences,  lors de:

  • rencontres entre lycéénnes, femmes ingénieurs en activité  et étudiantes
  • visites de sites industrielles pour les lycéennes et étudiantes
  • conférences sur les métiers d’ingénieurs lors de journées Portes Ouvertes

L’objectif est de faire découvrir aux lycéens le quotidien du métier d’ingénieur et de permettre aux professionnels de transmettre leur passion et, pourquoi pas, de faire tomber quelques unes des idées préconçues.

* Chiffres CDEFI – 2011/2012 et DEPP, Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, 2012.
** Filles et garçons sur le chemin de l’égalité, de l’école à l’enseignement supérieur, Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance, mars 2012.

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